BARE TEETH : Interview avec Titouan (guitare/chant)

Matthieu : Je te laisse te présenter

Titouan : Salut, moi c’est Titouan, je suis à la guitare et aux back vocals dans BARE TEETH. On vient de Lille, on est quatre. Greg au chant et à la guitare, Tom à la basse et Jérôme à la batterie. Ca fait deux ans et demi qu’on a créé le groupe.

Matthieu : Comment tu pourrais décrire la musique que vous faites à quelqu’un qui ne vous a jamais écoutés ?

Titouan : C’est sur une base de Punk/Skate Punk des années 90. Pour les grands noms, même si ça reste très commercial on va citer NOFX, THE OFFSPRINGS...

Matthieu : Pourquoi ce nom, “BARE TEETH” ?

Titouan : C’est la première fois de la journée qu’on me pose la question ! Premièrement parce qu’on trouvait que ça sonnait bien (rires). Ca veut dire “montrer les dents”, c’est pas dans l’agression, mais c’est pour la hargne, on va se battre pour nos convictions. C’est le délire du nom.

Matthieu : Qu’est ce qui vous a motivé à jouer ensemble ?

Titouan : Quand je suis arrivé sur Lille, ça fait un peu moins de trois ans, je voulais trouver un nouveau groupe et j’ai vu une annonce que Greg, notre chanteur avait posée. Il voulait repartir avec d’anciennes compo qu’il avait déjà joué dans son groupe précédent, mais ça ne s’était pas très bien terminé, il voulait repartir et rafraîchir un peu ses compos. Il voulait quelque chose de neuf avec ses morceaux. Je me suis greffé à ce semblant de groupe où il y avait un bassiste et Greg. J’ai appris les chansons, on a dépoussiéré tout ça, on a réarrangé tout ça. A la suite de ça on a trouvé plusieurs batteurs, dont Jérôme qui est avec nous depuis un an et demi, et Tom à la basse qui est arrivé l’année dernière. On est bien stables, on a une bonne cohésion de groupe. On s’entend tous bien et on aime bien justement cette base musicale, on prend du plaisir à la jouer et après on a chacun nos influences pour faire parfois un peu de Thrash, on aime bien le hip-hop aussi. Quand on mélange le tout, on verra ce que ça va donner !

Matthieu : C’est donc Greg qui est à la base du groupe, mais comment se passe l’écriture des morceaux dans le groupe ?

Titouan : Justement, comme il avait déjà quelques compos sous le bras, on a bossé celles là, chacun a apporté de nouvelles idées, des petits détails. On a sorti toutes ces chansons dont une qu’on a composé tous ensemble, et la actuellement on travaille sur à peu près le même nombre de chansons, on en a une petite dizaine en chantier. En général quand on fait ça, chacun amène une base de compo qu’il enregistre chez lui, c’est comme ça qu’on fonctionne. On balance ça sur notre discussion privée et on travaille ça en répète après plusieurs écoutes, comme ça on a chacun du recul sur la compo de l’autre. Tout le monde compose un peu, on a les fondations d’une compo et on ajoute des riffs dessus, ça nous amène à avoir un morceau.

Matthieu : Votre premier EP, First The Town, Then The World sera disponible le 19 mai, comment tu te sens à quelques jours de la sortie ?

Titouan : Il a été enregistré l’an dernier et ça a pris du temps à être mixé, masterisé, il a pris du temps à sortir donc c’est cool que ça se fasse. J’ai vu l’objet dans les mains, ça fait plaisir et après à titre personnel moi c’est la première fois que je fais partie d’un groupe qui sort un truc propre, bien produit, bien enregistré avec toute une promo derrière, donc je suis content !

Matthieu : Une sorte de fierté personnelle ?

Titouan : Ouais, j’irais pas jusqu’à la fierté. Je suis simplement content d’en arriver la. C’est quelque chose que j’aurais pas imaginé il y a cinq-six ans, donc je suis plutôt enthousiaste !

Matthieu : Le punk-rock est plutôt un style que l’on imagine aux USA avec une planche de skate ou de surf, est-ce que c’est simple de faire ça en France ?

Titouan : T’as raison, encore ce qui est plus Street Punk, ça touche plus, tu prends… On va citer des vieux groupes genre les Béruriers Noirs, en plus c’est chanté en français donc nous on prend des risques parce que je ne sais pas s’il y a beaucoup d’audience en France. Mais après on se dit “on s’en fout”, c’est ce qui ressort dans nos compos. On a clairement une imagerie assez skate comme tu le disais, ça plaît ou ça plaît pas mais on s’en fout, nous on aime ça, c’est la musique qu’on arrive à faire. C’est ce qu’on aime. Après tant mieux s’il y a plus de gens aux concerts ou s’il y a plus de gens qui décident de prendre notre album ! Et pourquoi pas populariser le style, parce que t’as raison on est pas des masses à faire ce style là en France. Il y avait des grands groupes qui faisaient ça, il y avait Uncommonmenfrommars, qui ont arrêté il y a trois ans, un truc comme ça… Ils continuent de leur côté. Si on creuse, il y a une scène, on est clairement pas les seuls !

Matthieu : Du Punk-rock je ne connais que SUM41 et BLINK182, quelles sont vos influences ?

Titouan : Multiples. Comme tu dis, je pense que quand on était ados on a tous, enfin dans le groupe, aimé écouter SUM41 et BLINK182, même si on en dit ce qu’on veut, j’y prends toujours du plaisir. Mais moi j’adore Pantera, je sais pas si ça s’entendra dans les futurs compositions, on sait jamais. Mais il y a aussi le Hardcore, des trucs comme EVERYTIME I DIE, un peu plus Metalcore, ça dépend. Greg il avait un groupe de Ska avant, peut être qu’il aimerait bien injecter du Rock Steady dans les futurs compos. On a tous nos influences, on part sur une base de Punk et puis on verra ! Moi j’aime bien mettre des riffs Thrash. On a des chansons “Pop”, mais ça nous empêche pas de faire des gros passages bourrins.

Matthieu : Les deux genres se mélangent super bien en plus !

Titouan : Ouais, un petit Crossover comme MUNICIPAL WASTE ! Ca claque, nous on aime bien ça et après faut avoir le niveau pour jouer ça (rires) ! On va pas faire du SLAYER ou du MESHUGGAH, on va juste faire ce qu’on arrive à faire et on peut se faire plaisir à mélanger les styles. Ca peut être marrant.

Matthieu : Dans la vidéo de Parted Ways, on y voit surtout une bande de potes qui s’éclatent, puis des “scènes de vie”, quelle est l’histoire de ce titre ?

Titouan : C’est en lien avec les paroles, c’est deux amis d’enfance qui sont ados, qui aiment le skate, sortir, déconner ensemble. On vieillit tous, et certains décident de trancher avec toute leur jeunesse, de se poser un peu. C’est en fait l’histoire de deux potes de jeunesse qui se perdent de vue parce que l’un décide de rester dans son délire de jeunesse et l’autre veut tout changer, il décide d’avoir une femme, de se poser, il se fait peut être un peu chier dans sa vie, alors que l’autre il galère peut-être mais au moins il rigole. Après c’est cliché, c’est sûr. Un jour ils se croisent et ils ne se reconnaissent pas. Ce sont des paroles que Greg avait écrites sur quelque chose qu’il avait un peu vécu je pense. C’est ça le délire, dans le clip on nous voit jouer dans un skate park, et à côté de ça t’as l’histoire des deux vieux potes qui se perdent de vue.

Matthieu : Est-ce qu’il y a un message derrière les chansons de BARE TEETH ? D’où vous vient votre inspiration ?

Titouan : Il y a des messages qui se recoupent. Après, on est pas engagés, on ne veut pas dire “fais ça, tu dois penser ça !”, c’est plutôt des avis personnels à prendre avec recul, des expériences de vie. On a des chansons comme Behind The Wall qui parle de partir en tournée, rencontrer des gens qui nous influencent. Le nom de l’album c’est le fait d’être un petit groupe et pourquoi pas grandir, ou même avoir des opportunités sans devenir un groupe immense et se faire plaisir à travers le monde. Ca reste assez personnel mais c’est un message assez positif qui s’en dégage je pense.

Matthieu : Le dernier titre de l’EP est une version acoustique de Behind The Wall, pourquoi ce titre précisément ?

Titouan : Parce que de base, Greg avait un autre projet solo en acoustique. Il avait décidé de faire plusieurs de ses compos, notamment quelques unes qu'on peut jouer avec BARE TEETH. Il s'avère que celle la ressort particulièrement bien en acoustique, elle a un gros potentiel acoustique. On s'est dit, pourquoi ne pas en faire un titre où on ajoute les voix de Tom, le bassiste et moi, avec nos instruments en complément et il en est sorti ça. C'est aussi un moyen de faire, comment dire... On a un endorsement avec une marque de guitares japonaises, c'est une gamme Diviser qui a notamment Bacchus et STR. C'est le mec qui fait Momose, ce sont des guitares entièrement faites à la main. Greg a chopé un endorsement et on s'est dit, pourquoi ne pas faire un truc visuel en mode acoustique où on a tous un manche de la marque ? Du coup les idées se sont recoupées. On s'est dit pourquoi ne pas le mettre sur l'EP ! Une petite note de douceur à la fin !

Matthieu : Votre meilleur souvenir de scène ?

Titouan : (rires) J'en ai un en tête ! C'était au Substance, une sorte de bar-squat à Osnabrück en Allemagne, à l'est de l'Allemagne en janvier dernier. On est arrivés, déjà il y avait un immense bar avec plein de place pour se poser et jouer, à l'étage on avait une cuisine où ils nous préparaient de la bouffe vegan. Je ne suis pas du tout végétarien mais j'ai adoré cette bouffe ! Ils nous ont offert tout leur bar si on avait envie, ils ont été adorables, on avait un dortoir gigantesque, ils nous ont offert d'autres choses dont je ne parlerais pas ici (rires), mais blague à part on a eu des bons retours et un bon son, une bonne qualité scénique, on a bien rigolé sur ce soir la !

Matthieu : Vos dernier coups de coeur musicaux, français où non ?

Titouan : En ce moment j'adore TOY GUITAR, un groupe Punk indie de Californie, mais euh... De qui d'autre je pourrais parler... J'avais un autre truc en tête... C'est pas du tout récent mais THIN LIZZY.

Matthieu : Très vieux mais toujours bien sympa !

Titouan : Très !

Edit : Titouan me parlera après coup de MUTE, un groupe de Punk-Rock Canadien dont il avait perdu le nom pendant l’interview.

Matthieu : Si tu devenais tour manager et que tu devais choisir 3 groupes pour jouer avec BARE TEETH, qui prendrais tu ?

Titouan : On va rester dans le style et pas partir en live en mélangeant. Je verrais bien PROPAGANDY, LAGWAGON même si ça reste dans le label Fat Records, le label du gars de NOFX qui est le plus gros label indépendant des Etats-Unis. Et euh... J'ai un trou…

Matthieu : Tu peux mélanger les styles !

Titouan : Allez, SLIPKNOT (rires) !

Matthieu : La touche douceur !

Titouan : Ouais voilà ! Truc qui n'a rien à voir, STRAY FROM THE PATH ! Ca n'a rien à voir et je pense que personne ne s'entendrait au final !

Matthieu : Un conseil à un musicien débutant ?

Titouan : Euh... Ouais, joue tous les jours et si tu veux progresser, joues un morceau d'un groupe que tu aimes, mais sans tenter les plus durs. Ca te donnera peut-être la motivation de le jouer tous les jours. Moi c'est comme ça que j'ai pu réussir à avoir le déclic musical. C'était pas des partitions, mais simplement le fait d'écouter et de pouvoir jouer la même chose, reproduire ce qui était en train de se jouer.

Matthieu : Ton premier album de rock/metal/punk ?

Titouan : Oh (rires) ! C'était en 2001-2002... Il y en a deux dans le style : SLIPKNOT, de SLIPKNOT, toujours dans ma collection. C'était du Neo Metal, et le premier album de Punk, c'était BLINK182.

Matthieu : Plutôt solo ou rythmique ? Pourquoi ?

Titouan : Grosse rythmique. Solo j'aime bien, mais déjà j'ai pas le niveau pour faire du shred et après ça me saoule à l'oreille. Après, tu prends des mecs comme DIMEBAG (ndlr : DIMEBAG DARREL, ex-PANTERA) qui te font des solos absolument incroyables, ou des mecs, sans vouloir dénigrer parce que c'est très fort ce qu'il fait, mais JOE SATRIANI je peux pas écouter ça. Pourtant le mec c'est un virtuose. Alors que ouais, dès qu'il y a des riffs rythmiques avec des temps, des rythmiques déstructurées, j'aime ça.

Matthieu : Je te laisse conclure !

Titouan : Déjà merci de cette interview, et bisous à tout le monde !

Interview réalisée par Matthieu d'Acta Infernalis.